5.11.06

MONIQUE WITTIG: Η ΕΤΕΡΟΦΥΛΟΦΙΛΗ ΣΚΕΨΗ (2)

Introduction par Monique Wittig en 2001
L’hétérosexualité est un régime d’esclavagisation des femmes. Pour elle, les femmes ont comme seules solutions d’être esclaves et de renégocier pied à pied l’hétérosexualité ou d’être des fugitives comme les lesbiennes. Elle compare ainsi les lesbiennes aux esclaves marrons aux USA. Il n’y a pas d’évasion possible puisque il n’existe pas de lieu où l’hétérocentrisme ne règne pas.
Wittig cite ensuite celles qui l’ont influence dans sa réflexion.
- Nicole-Claude Mathieu qui a été la première à considérer les femmes comme une entité anthropologique à part.- Christine Delphy qui a établi les termes de féminisme matérialisme et montré l’obsolescence du marxisme qui ne tenait pas compte du travail invisible effectué par les femmes.- Colette Guillaumin a défini les formes d’oppression des femmes ; l’appropriation privée par un individu (mari ou père) et l’appropriation collective de tout le groupe des femmes, par la classe hommes. On appelle ceci le "sexage", en référence au servage. Les femmes, même les célibataires, sont ainsi au service de la communauté des hommes, en soignant ainsi les plus malades ou les plus faibles.- Paola Tabet montre que certaines femmes se font l’objet d’une appropriation collective, comme les lesbiennes et les prostituées, mais pas d’un appropriation privée.- Sande Zeig souligne que les effets de l’oppression sur le corps sont nées des mots qui les formalisent.
La révolution d’un point de vue : Louise Turcotte
Turcotte souligne combien la pensée de Monique Wittig est transversale et s’occupe tant de littérature, que de politique et de théorie.
Elle rappelle combien, en 1978, la phrase de Monique Wittig "les lesbiennes ne sont pas des femmes" a scandalisé les féministes, même les plus radicales. Turcotte souligne en effet que toutes les luttes féministes s’étaient établies du "point de vue des femmes". Les féministes ont en effet lutté contre le patriarcat en tant que système fondé sur la domination des femmes par les hommes mais jamais elles n’avaient interrogé les classes "hommes" et "femmes". C’est ainsi que les lesbiennes prennent tout leur sens puisque si les catégories hommes et femmes ne peuvent exister l’une sans l’autre, les lesbiennes n’existent que par et pour les femmes. C’est ainsi que Wittig remet en cause l’hétérosexualité que n’avait jamais contesté les féministes.
Les lesbiennes séparatistes avaient déjà interrogé l’hétérosexualité en la critiquant en tant qu’institution politique. Mais elles s’étaient plutôt tournés vers une vision essentialiste en développant des valeurs spécifiquement lesbiennes. Pour Wittig et Turcotte, il ne s’agit pas de créer une classe "lesbiennes"» qui serait du repli sur soi. Il s’agit plus d’utiliser leur position stratégique pour détruire le système hétérosexuel.
Rappelons que la pensée majeure de Wittig est de situer les lesbiennes dans un continuum de résistance propre aux diverses formes d’oppression. Les lesbiennes ont en effet une place spécifique à l’intérieur de la classe "femmes" et sont donc une faille dans le régime politique qu’est l’hétérosexualité. Wittig vise l’abolition du genre, du sexe mais pas leur transgression.
Wittig La politique
Il s’agît d’un chapitre écrit par Marie–Hélène Bourcier qui a traduit nombre de chapitres du présent livre. Elle raconte sa rencontre avec un des personnages d’une pièce de Wittig. On peut supposer qu’elle interroge donc Wittig, elle même.
L’explication de "straight" est donnée ; on pourrait le traduire par hétéronormatif. Wittig souligne combien l’hétérocentrisme est présent dans tous les domaines de la société.
Une notre infrapaginale rappelle la rupture qu’il y a eu en 1980 dans Questions féministes. En 1981, l’association loi 1901 Questions féministes se dissoudra à cause des dissensions entre hétérosexualité, féminisme et lesbianisme. Nouvelles questions féministes sera créé en 1981 et les lesbiennes radicales publieront aux USA dans Feminist Issues.
Wittig montre que, comme le marxisme qui a montré ses limites en ne s’interrogeant que sur la lutte des classes, le féminisme ne peut pas s’interroger uniquement sur l’oppression de genre ou de sexe. Les lesbiennes noires des années 80 ou les féministes chicana actuelles ont ainsi lutté contre la sororité indifférenciée du féminisme.
Il est ainsi souligné que dans les années 70, on pouvait être lesbienne féministes - l’ordre des termes en montre l’importance -mais pas s’affirmer comme lesbienne politique.
La conversation se termine en signalant que Wittig a toujours pris comme un compliment le fait d’être traitée de "sale gouine" ou de n’être pas considéré comme une femme. Les lesbiennes ne sont pas des femmes et n’ont pas à le devenir.
Wittig cite ainsi Karl Marx et Friedrich Engels "Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle." (1) Elle veut ainsi montrer que la domination sur les femmes est constituée d'un réseau serré de faits, de pensées, de données qui affectent notre vie toute entière.
Cela nous apprend ainsi :- avant toute société, toute pensée, il y a deux "sexes" qui ne sont en faits que des catégories d'individus nés avec une différence constitutive, différence aux conséquences métaphysique.- avant toute société, tout ordre social, il y a des sexes qui sont "naturellement" ou biologiquement différents. Cette différence a des conséquences sociologiques.- avant toute pense et tout ordre social, il y a une division "naturelle du travail dans la famille", qui n'est rien d'autre que la division du travail dans l'acte sexuel (approche marxiste).
On voit ainsi qu'on se sert d'une différence physique naturelle pour fonder une domination qui ne peut être que sociale ; la domination ne pouvant être naturelle.
La catégorie de sexe est une catégorie politique et fonde la société hétérosexuelle. Wittig ne parle pas ainsi d'individus mais de "relations". Les catégories "hommes" et femmes" n'existent que parce qu'ils ont établi des relations entre eux. Cette catégorie de sexe établit comme naturelle l'hétérosexualité par laquelle les femmes sont soumises à une économie hétérosexuelle : elles doivent ainsi faire perdurer cette société par l'obligation absolue de reproduction et les travaux associé par "nature" à la reproduction : l'éducation des enfants et les travaux ménagers. Notons comme il est caractéristique qu'une femme qui élève ces enfants dit souvent qu'"elle ne travaille pas".
Cette appropriation du travail des femmes par les hommes procède du même mécanisme que l'appropriation du travail des ouvriers par la classe dominante. On ne peut faire croire que cette appropriation est naturelle puisque nous n'avons pas d'exemple de reproduction de la société en dehors de son contexte d'exploitation.
La catégorie de sexe permet donc aux hommes de s'approprier pour eux-mêmes la reproduction et la production des femmes mais aussi leur personne physique via le contrat de mariage. La femme a ainsi certaines obligations comme le travail non rémunéré, la cession de sa reproduction mise au nom du mari (les enfants qui portent le nom du père), le coït forcé, la cohabitation jour et nuit et l'assignation à résidence comme le suggère la notion juridique d'abandon du domicile conjugal. Dans la règle qu'observe souvent la police de ne pas intervenir quand une femme est battue par son, mari, cela montre combien la femme dépendant directement de son mari. s'il s'agissait d'un citoyen frappé par un autre, la police interviendrait pour "coups et blessures". La femme a donc cessé d'être une citoyenne ordinaire. On signale ainsi implicitement que l'État n'a pas à intervenir dans des affaires privées ou l'autorité du mari s'est substituée à celle de l'État.
Wittig souligne combien la catégorie de sexe colle aux femmes puisqu'elle ne peuvent être conçues hors de cette catégorie. Les personnes exceptionnelles dont on narre les exploits dans les journaux sont toujours rappelées comme "femmes" avant tout.
Wittig conclue que la catégorie de sexe est une catégorie totalitaire avec ses lois et formatrice de l'esprit. Elle considère donc qu'il faut la détruire et penser au delà d'elle pour penser vraiment. Cela régit l'esclavage des femmes par une opération prenant une partie (le sexe, la couleur) pour le tout (la personne entière) , comme avec les esclaves noirs.
On ne naît pas femme
Les femmes ne sont pas un groupe naturel c'est à dire "un groupe social d'un type spécial : un groupe perçu comme naturel, un groupe d'hommes considéré comme matériellement spécifique dans son corps". (2) L'existence des lesbiennes montrent que les femmes ont été catégorisées de façon politique par les hommes en un "groupe naturel". Wittig rejoint ainsi Simone de Beauvoir "On ne naît pas femme, one le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le male et le castrait qu'on qualifie de féminin".(3)
Wittig récuse l'idée que la base de l'oppression des femmes est biologique ou historique. Certaines féministes, en s'appuyant même sur Beauvoir, soulignent que la civilisation a d'abord été matriarcale ; les femmes fondaient la civilisation (par la procréation) pendant que les hommes frustres et brutaux allaient à la chasse. Cette vision déplait à Wittig car elle ne remet pas en cause l'hétérosexualité et remplace une oppression par une autre (le patriarcat par le matriarcat). Cette vision reste prise dans les catégories de sexe et dans l'idée que la femme est intimement liée à la procréation. Je suppose que cette critique peut s'appliquer à Françoise Héritier.
Le danger pour Wittig est de naturaliser l'histoire ce qui tendrait à faire croire que les catégories hommes et femmes ont toujours existé et existeront toujours. Certaines lesbiennes tendent d'ailleurs à adhérer à cette théorie comme Andrea Dworkin "Les femmes et les hommes appartiennent à des espèces ou des races (les deux mots sont utilisés de façon interchangeable) différentes ; que les hommes sont inférieurs aux femmes sur le plan biologique ; que la violence masculine est un phénomène biologique inévitable".(4)
En naturalisant l'histoire, on naturalise donc les faits sociaux marquant l'oppression des femmes ce qui les rend impossibles à changer. Wittig prend pour exemple la procréation qu'on considère comme naturelle sans penser qu'elle est forcée, organisée (démographie) et que c'est la seule activité sociale, hormis la guerre, qui présente un tel danger de mort.
Wittig montre que ce que nous prenons pour l'origine et la cause de l'oppression n'est en fait que la "marque" que l'oppresseur a apposée sur nous. Colette Guillaumin montre ainsi que le concept de race, dans son acception moderne, n'existait pas avant l'esclavage. C'est ainsi qu'aujourd'hui race et sexe nous apparaissent comme une donnée immédiate et appartenaient à un ordre naturel. Ce n'est pas une perception directe mais une construction directe alors que ces traits sont aussi indifférents que les autres pour désigner un individu. ex elle est vue comme femme donc elle est femme. Je dirais qu'on s'est un peu séparé des catégories de race mais pas du tout de celles de sexe. Wittig souligne ainsi que l'insulte courante envers les lesbiennes "tu n'es pas une vraie femme" montre bien qu'il faut se construire pour en être une "vraie". elle déplore aussi que tout un courant féministe et également lesbien tende à vouloir être de plus en plus féministes. Refuser d'être femme ne veut pas dire pour autant être un homme ! Elle souligne de toute façon qu'il est impossible pour une femme d'être un homme, du moins psychiquement, puisqu'elle ne saura pas d'emblée ce que c'est que d'avoir un droit sur les femmes. L'oppression vécue par les lesbiennes consiste donc à mettre hors de leur atteinte les femmes qui sont réservées aux hommes. Une lesbiennes est donc condamnée à être une non-homme, une non-femme.
Wittig souligne combien les féministes se sont réappropriées l'idée "c'est merveilleux d'être une femme" alors que dés 1949, Beauvoir avait souligné le danger a se réapproprier les mythes positifs entourant les femmes. Reprendre à son compte les meilleurs traits dont l'oppression nous a gratifié c'est ne rien remettre en cause et ne pas interroger les catégories de sexe. Cela nous fait lutter dans la classe femmes non pas pour la faire disparaître mais pour la renforcer. Wittig souligne l'ambiguïté du mot féministe qui montre qu'on lutte pour les femmes (et donc pour le renforcement du mythe entourant les femmes). Wittig souligne que ce mot a été choisi pour établir une continuité dans l'histoire avec les pionnières du mouvement.
Pour Wittig, il faut tendre à supprimer la classe homme, par une lutte de classe politique. Si celle ci disparaît, celle des femmes disparaître car il n'y a pas d'esclaves sans maître.
Wittig parle ensuite du marxisme et montre que les femmes ont été noyées dans les classes bourgeoises ou prolétaires sans pour voir constituer leur propre classe.
En s'appuyant sur Christine Delphy, elle montre qu'il faut d'abord se rendre compte que chaque problèmes individuel dépend des problèmes liés à la classe et non à l'individu. L'avènement des sujets individuels ne pourra être trouvé qu'après avoir détruit les catégories de classe. Elle montre que détruire LA femme n'est pas détruire le lesbianisme car c'est le seul concept qui soit au delà des catégories de sexe. La lesbienne n'est pas une femme, ni idéologiquement, ni politiquement, ni socialement puisque la femme n'existe que par ses relations à un homme. Les lesbiennes sont donc des transfuges à leur sexe.
La pensée straight
Wittig souligne l'importance qu'a pris l'étude du langage. Elle parle ensuite du langage symbolique qui fonctionne à partir de très peu d'éléments. Elle ironise sur le fait que l'inconscient est censé se structurer quasi automatiquement à partir des symboles du langage symbolique : castration, œdipe, mort du père, échange des femmes. Elle constate que seuls des spécialiste sont en droit de déchiffrer l'inconscient et que les langages interprétant ses symboles sont extrêmement riches. Pour Wittig Lacan a trouvé dans l'inconscient les structures qu'il dit avoir trouvées puisqu'il les a lui même mises. elle déplore qu'on entende que la parole des psychanalystes et pas des psychanalysés. Pour elle, le psychanalyste est un oppresseur face au psychanalysé qui est un oppressé. Wittig se demande alors si ce besoin des communiquer des psychanalysés ne peut se trouver que dans la psychanalyse. Elle constate aussi que les homosexuels, les lesbiennes et les femmes qui sont venues à la psychanalyse ont opéré une rupture du contrat psychanalytique dés qu'ils se sont aperçus que ce n'étaient pas eux qui étaient "malades" mais que leur état venait plus d'un état de choses général.
Wittig souligne la violence du discours hétérosexuel pour les lesbiennes et les hommes homosexuels. Elle explique ensuite ce qu'est la "pensée straight" en référence à la "pensée sauvage" de Levi-Strauss. Il s'agit des concepts de femme, d'homme, de différence qui marquent l'histoire, la culture. Elle souligne qu'il reste au sein de la culture un noyau soit disant naturel qu'on se refuse à examiner, c'est à dire la relation hétérosexuelle ou relation obligatoire entre l'"homme" et la "femme". la pensée straight va ainsi interpréter de façon totalisante l'histoire, le langage, la culture et les sociétés. Elle a une tendance universalisante dans sa production de concepts. On va ainsi former des lois générales valant pour toutes les époques, tous les individus, toutes les sociétés : l'échange des femmes, la différence des sexes, l'inconscient, le désir, la culture. Ces catégories n'ont de sens pour Wittig que dans l'hétérosexualité ou pensée de la différence des sexes en tant qu dogme philosophique et politique.
La société hétérosexuelle est fondée sur la nécessité de considérer certains autres comme différents : les hommes homosexuels, les lesbiennes, les femmes mais aussi de nombreuses catégories d'hommes. celui qu'on présente comme différent sera contrôlé et dominé.
Le concept de différence des sexes montrent les femmes en autres différents. Les hommes ne sont pas différents. Les noirs le sont en revanche.
Pour Wittig, il ne peut plus y avoir de femmes ou d'hommes en tant que classes et en tant que catégories de pensées et de langages. Les lesbiennes et les homosexuels ne doivent plus se percevoir en tant qu'hommes et femmes ce qui contribuent au renforcement de l'hétérosexualité.
Wittig s'intéresse à l'inconscient structural et montre qu'il fait appel à des nécessités échappant au contrôle de la conscience comme part exemple les processus exigeants ordonnant et exigeant l'échange des femmes comme condition nécessaire à toute société. Elle ne s'étonne donc pas qu'il y ait un inconscient et qu'il soit hétérosexuel, veillant aux intérêts des maîtres. Wittig pense qu'il vaut traquer le "cela-va-de-soi" hétérosexuel et montrer combien le structuralisme, la psychanalyse et plus particulièrement Lacan ont rigidifié les concepts pour mieux hétérosexualiser. Or que signifie l'échange des femmes sinon la domination ? Pour Wittig, l'inconscient est donc hétérosexuel et au service des dominants.
A propos du contrat social
Wittig rappelle que Marx et Engels se sont élevés contre le contrat social parce qu'il est en opposition avec la nécessité de la lutte des classes. Pour eux, le "contrat social" s'applique aux serfs dans la mesure où il implique une idée de choix individuel et d'association volontaire. Les serfs ont en effet fui un par un et se sont ensuite associés pour former des bourgs (et sont ainsi devenus les bourgeois). Pour Wittig les femmes sont semblables aux serfs : elles sont corvéables à merci, attachés à une terre (la famille) et ne peuvent s'arracher à l'ordre hétérosexuel qu'en le fuyant une par une. Pour elle la structure de notre société est en effet féodale.
Wittig réfléchit ensuite au contrat social. La promesse du contrat social de s'accomplir pour le bien de tous ne s'est pas accomplie historiquement et garde donc sa dimension d'utopie. De Rousseau : "Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui même et reste aussi libre qu'auparavant".
Pour Wittig, ce qui doit être rompu, c'est le contrat d'hétérosexualité en tant que tel qui faisait sans doute partie du contrat idéal de Rousseau.
Wittig revient sur la pensée aristotéliciene, de Hobbes et Locke pour souligner qu'ils pensaient que "le droit, c'est la force". Pour Aristote, en particulier, l'accord des membres n'était pas nécessaire. Elle signale que Rousseau est le premier à considérer qu'une société pour bien fonctionner, ne doit pas s'appuyer sur la raison du plus fort.
Wittig souligne qu'il y a une certains nombres de choses qu'on doit faire : être une femme, être un home, se marier, faire des enfants, les élever. Pour elle, les deux termes de contrat social et d'hétérosexualité sont superposables. Vivre en société c'est vivre en hétérosexualité.
Wittig souligne la difficulté à saisir l'hétérosexualité dans sa réalité, sinon dans ses effets et dont l'existence réside l'esprit des gens d'une façon qui affecte leur vie tout entière, la façon dont ils agissent, leur mode de pensée. En tant que mot, il n'a existé qu'au début du 20eme siècle quand on a parlé d'homosexualité et en Allemagne à la fin du 19eme siècle. Avant cette période, l'hétérosexualité allait tellement de soi qu'elle n'avait pas de nom. C'est le contrat social, un régime politique, une institution dont on ne parle pas. Pour Wittig il y a un présupposé du social avant le social : les hommes entrent dans l'ordre social comme des êtres déjà socialisés, les femmes restent des êtres naturels.
Lévi-Strauss raisonne ainsi sur des systèmes invariants comme sa théorie sur l'échange des femmes. La littérature anthropologique foisonne ainsi de mères, sœurs, pères etc. ce qui semble souligner qu'on n'est rien si on n'appartient pas à un de ces groupes. Wittig montre que le cynisme de Aristote est plus acceptable puisqu'il dit que les choses doivent être ainsi :"Le premier principe est que ceux qui sont inefficaces l'un sans l'autre doivent être réunies dans une paire. Par exemple, l'union mâle femelle." Elle souligne que cette paire a assis la relation gouvernant/gouverné.
Lévi-Strauss a dessiné l'idée d'un contrat social entre les hommes dont les femmes sont exclues. Chaque fois qu'il y a échange, il y a entre les hommes confirmation d'un contrat d'appropriation de toutes les femmes.
Wittig souligne enfin que Rousseau a montré que le contrat social est à réfléchir tant qu'il ne satisfait pas chacun. Il faut donc rompre le contrat social hétérosexuel si on n'y consent pas.
Homo sum
Historiquement et philosophiquement, "humain" a toujours désigné les hommes blancs propriétaires des moyens de productions. Pour Wittig, une lesbienne, qui se tient à l'avant pose de l'humain représente peut être paradoxalement le point de vue le lus humain. Cette idée (critiquer une société à partir d'un point de vue extrême) n'est pas nouvelle :Marx et Engels l'ont déjà évoquée.
Évocation de la lutte des classes : Marx et Engels ont réduit les conflits à deux termes : les capitalistes qui détiennent les moyens de productions et les prolétaires qui fournissent le travail, la forme de travail et qui sont les producteur de la plus-value. Antisémitisme, racisme et sexisme ne sont pour eux que des "anachronisme du capital" c'est à dire qu'ils se résoudraient après la prise du pouvoir par le patriarcat. Pour Wittig ces anachronismes peuvent être décrits comme un paradigme d'oppression transversal à toutes les "classes" marxistes. Le marxisme n'ayant pas montré son efficacité au niveau historique ; ces classes se sont figées et les anachronismes n'ont pas disparu.

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